Mais quelle créativité ! Ce cerveau “maïs” réalisé par Nathalie, enseignante spécialisée à Lochabair Cannes et “passeure Atole” en est un des beaux exemples ! L’équipe ressource en formation pour une éducation à l’attention s’est retrouvée la semaine dernière…
Alors quoi de neuf dans “la bulle attention” ? Bonne lecture…!

Déjà, être accueilli-e-s par un “gâteau-cerveau, ça donne le ton ! L’équipe presque au complet était au rendez-vous pour une 5ème journée de formation autour du programme ATOLE (ATtentif à l’écOLE,  éducation à l’attention, conçu par Jean-Philippe Lachaux). Un menu chargé en ce lundi ! En effet, il est temps de consolider les outils du kit afin de s’en emparer au quotidien dans nos gestes professionnels. L’obstacle a été repéré par les collègues. Des changements, radicaux parfois, de postures, de gestes professionnels. Des automatismes de “gestion de classe” pas forcément propices à la réflexion, à l’attention, voire à la métacognition.
Les outils “de contact” : geste + parole pour établir la connexion, le “RAP” (Regard, Attention, Posture), le concept d’équilibre attentionnel avec la métaphore de la poutre, la définition même de l’attention (Capacité à filtrer, dans le flux incessant des informations, ce qui est important de ce qui ne l’est pas), les 3 systèmes qui régissent notre attention (pour celles et ceux que j’aurais perdu-e-s, un excellent article à lire ici), les éléments de base à connaître sur notre cerveau, tout ceci est bien intégré par l’ensemble du groupe. C’est déjà pas mal, me direz-vous. Bien sûr, c’est même magnifique ! Néanmoins, toutes et tous ces enseignants motivés et impliqués perçoivent qu’il est important d’aller au-delà des “séquences Atole”, et que c’est dans leur quotidien d’enseignant-es qu’il leur faut modifier certaines pratiques.

C’est déjà le cas pour tout ce qui est ritualisé (l’interrogation orale de la classe avec la “technique” du 1-2-3 pour permettre à tous les élèves d’avoir un temps de réflexion, seul(e), ou encore, lorsqu’un élève prend la parole, on baisse son doigt, on garde sa réponse dans un coin de sa tête, et on écoute vraiment le camarade…)

La technique du 1, 2, 3

 

 

 

 

 

 

C’est aussi le cas pour la prise en compte des situations de double tâche.
Apprendre à planifier une consigne comportant plusieurs tâches associées, garder son intention tout au long de la réalisation de celles-ci nécessite un accompagnement notamment pour les élèves avec un trouble des apprentissages, mais pas que ! Le personnage de Maximoi, vieux sage intelligent mais un peu fragile va s’entourer de “minimoi” qui vont exécuter les mini-missions nécessaires à la réalisation de la tâche.

C’est notre système exécutif qui est mis aux commandes. C’est aussi l’exploration de “comment je vais m’y prendre” ? Ce qui fait appel à la métacognition.
Le groupe-ressource sait qu’il peut avoir recours à cette métaphore pour enseigner aux élèves cette fonction exécutive de planification/organisation (souvent troublée pour nos élèves avec des dys-).
La réflexion sur les consignes est inévitable. Je vous propose deux documents d’Eduscol, passionnants sur ce sujet.

➡  documenteduscolconsignes

 ➡ exercicescycle3travailsurlesconsignes
(à remettre en forme pour les élèves avec un trouble de la lecture)

Le PIM (Perception/Intention/Manière d’agir) reste un concept difficile à s’approprier car il suppose, pour nous, adultes, de se mettre vraiment en posture de “s’observer” en train de faire ou de “penser”… puis de s’obliger à décortiquer “des manières d’agir” tellement automatisées pour nous qu’elles ne nous sautent pas aux yeux tout de suite ! Puis de guider nos élèves pour faire de même.
Avec une classe de CM2, à Fénelon, un très joli moment avec les élèves pour lister nos manières d’agir face à un jeu des 7 erreurs. Des réflexions très pertinentes des élèves, et à ma question, “et si on essayait de faire pareil quand la maitresse vous demande de corriger votre dictée ? “ une réponse a fusé : “Ben, oui, mais c’est moins rigolo” ! Nous avons alors, ensemble, cherché des moyens de rendre cette tâche aussi attrayante qu’un jeu des 7 erreurs… Tiens, tiens, ça ne convoquerait pas aussi l’engagement actif, 2ème pilier de l’apprentissage, ça ? Il a beaucoup été évoqué par les enseignants-passeurs ce fameux engagement, particulièrement par les collègues du 2nd degré. C’est bel et bien de l’engagement actif dont parle Stanislas Dehaene (Antoine de la Garanderie, gestion mentale, parlait de “mise en projet de l’apprenant”, Philippe Meirieu, quant à lui, l’a décliné en “plaisir d’apprendre et d’enseigner”).

 

Nous l’avons bien cernée cette difficulté à engager les élèves dans la tâche, installer leur attention, c’est-à-dire leur permettre de filtrer les informations pertinentes au moment présent. Puis, la garder, la relancer, l’activer et surtout leur permettre de la doser. Impossible d’être en attention soutenue pendant des heures ! Ainsi, ce sont bien nos dispositifs pédagogiques, tant dans la variété des supports, que dans les modes de regroupement, que dans les moments de métacognition, les moments où l’on prend le temps d’évoquer, de mémoriser, de pauser,  qui vont aider l’élève à réguler et à consolider son équilibre attentionnel.

Le temps des ateliers a permis à toutes et tous de choisir “la consolidation” souhaitée par chacun-e. Valérie, enseignante à Nazareth, en CM1 a préféré le jeu “pedago’s wedding” : “Ce jeu consistait à associer 3 cartes : la carte « concept-clé »,
la carte « définition » et la carte
« illustration ». Brainstorming assuré… (j’ai fait le choix de 16 concepts de pédagogie active, afin de permettre d’insérer notre travail de l’éducation à l’attention au coeur de nos pratiques). Un exemple ci-dessous.

“Pourquoi ce jeu m’a tant plu ? Nous étions 3 enseignantes, et nous avons donc pu échanger nos connaissances et nos incertitudes.

 

« Métacognition », c’est quoi ça déjà ?
« Tutorat » ? Ça, c’est facile.

Nous avons pu adapter les règles du jeu à notre convenance, l’objectif étant de manipuler ces concepts pour mieux les comprendre. Il y avait donc une certaine souplesse. Malgré l’autocorrection proposée et la connaissance de notre « note », nous avons eu besoin du regard bienveillant de notre formatrice pour valider nos réponses, un peu aussi pour montrer que nous avions bien travaillé et bien réussi ! Cela m’a interpellée, nos élèves recherchent eux aussi notre avis sur leur travail et veulent nous montrer qu’ils ont réussi.”

D’autres ont choisi la manipulation et la fabrication du chapeau-cerveau (le “brain hat”), ils avaient pour mission de le fabriquer et d’inventer quelques activités autour de cet “objet”, tout en repérant le “PIM” manuel utilisé par les uns et par les autres. Très amusant de voir comment les automatismes nous font faire des erreurs et découper au mauvais endroit !

BRAIN_HAT-BAT-HD

D’autres encore ont choisi d’analyser des “postures d’élèves” à l’aide de leur expertise pédagogique, complétée par leurs connaissances des mécanismes attentionnels.

 

 

 

 

 

 

Nathalie, notre “pâtissière du gâteau cerveau” a partagé avec ses collègues ses réalisations autour de la connaissance du cerveau. Enseignante spécialisée, elle travaille avec des petits groupes d’élèves dès la Grande Section maternelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Laurie, enseignante en CE1, à l’école Apraxine, réalise des “leçons à manipuler” pour chaque séquence. De vraies merveilles. Elle les partage généreusement.

L A M séquence 1

 

 

 

LAM séquence 2 Atole

petit mot pour accompagner les leçons pop up 2

Et une superbe cocotte pour réviser les concepts, à jouer à 2. Merci Laurie !

cocotte atole 3

Une vraie ruche dans cette belle salle de St Laurent du Var, des enseignants concernés, heureux de se retrouver et de collaborer pour enrichir leurs pratiques et partager leurs trucs et astuces.
L’attention ou le manque d’attention revient comme un leit-motiv dans les salles des profs, et même s’il n’y a pas de recette magique, tous ces “enseignants-passeurs-ressource” croient en un possible changement des pratiques pédagogiques, un autre regard sur l’attention de nos élèves, sur la leur.  Ils n’hésitent pas à créer, innover, rendre leurs dispositifs plus flexibles, faire de la place à la métacognition, au “temps pour apprendre” (bien mis à mal en ce moment, non ?).

“Cette journée, c’est une bulle de ressourcement…”
“Outre la consolidation sur ATOLE, ces journées de formation nous remettent dans la posture d’apprenants, ce qui ne peut que nous faire du bien !”

clic sur l’image pour aller sur le site d’Atole et télécharger le kit.

 

 

La beauté vient de l’amour. L’amour vient de l’attention. L’attention simple aux simples, l’attention humble aux humbles, l’attention vive à toute vie. Christian Bobin

 

Un ouvrage que je vous conseille vivement pour aider les élèves à s’engager, et pour vous permettre de capter leur attention ; tout plein d’idées, en seulement 3 minutes ! Des idées à piocher, même pour les collégiens.