C’est par l’intermédiaire de Patrick Joquel que j’ai eu connaissance de ce concours de poésie un peu particulier. Intriguée, j’ai pris contact avec Joël Hardy, l’un des organisateurs de ce concours.
Bien m’en a pris…

Vous êtes enseignants, documentaliste en primaire, en collège, en lycée (sans oublier bien sûr les élèves d’ULIS et d’EGPA)
Vous êtes convaincus de la nécessité de l’ouverture à la culture pour tous, de l’importance de développer la solidarité et l’entraide.
Vous voulez sensibiliser vos élèves à la question du handicap…
De surcroit, vous êtes fan d’écriture poétique, de poèmes brefs, de “jolis mots”.
Vous avez l’habitude de faire travailler vos élèves en binômes et vous êtes à la recherche de projets innovants pour l’an prochain…
Ce concours est fait pour vous ! Lisez plutôt !

2018 Haïku Braille Comm 2

L’adresse précise pour envoyer les oeuvres de vos binômes (jusqu’à 6 haïkus par binôme quand même !) est la suivante :

Musée Louis Braille
Concours : Le Haïku à la lumière du braille
13 rue Louis Braille
77700 Coupvray

CLB 2018 Fiche d’inscription 9 HLB

(Précision : Vous lirez dans le document le terme “section” suivi d’un numéro. La section 1 correspond au primaire, la 2 au collège, la 3 au lycée et la 4 aux étudiants.)

Je n’ai pas tout de suite perçu la multitude d’intérêts pédagogiques ; c’est en conversant avec Joël, docteur en sciences de l’éducation, plus qu’impliqué dans ce projet  de la “promotion” du braille et de la culture pour tous que tout ceci s’est mis en place dans ma tête. Ecoutons-le nous donner quelques éléments de langage  nécessaires pour mieux comprendre les attendus du concours :

“Le braille est un système d’écriture. Ce n’est donc pas une langue. Ainsi, on ne parle pas de traduction mais de transcription. Un ” a ” anglais ou italien est écrit en braille de la même façon que le ” a ” français. On peut donc transcrire sans savoir parler la langue. 

L’embossage consiste à faire ressortir les points braille avec des moyens tels que la machine “Perkins” (c’est la machine à écrire le braille) ou la tablette avec le poinçon. 
 Les aveugles disent : ” en noir ” … c’est l’écriture manuscrite qu’un voyant peut lire, eux ne le peuvent pas ! 

 

Les professeurs du 2nd degré intéressés par ce concours pourront se rapprocher d’associations pour se procurer tablettes et poinçons, ou machine à écrire le braille. Les élèves du primaire, quant à eux,  pourront transcrire leur haïku écrit “en noir” (maintenant, vous savez ce que cela signifie), à plat, c’est-à-dire en traçant au feutre noir les points au bon endroit sur la matrice que vous leur aurez donnée… Imaginez tout ce que cela suppose comme repère dans l’espace, comme minutie et comme attention soutenue ! Allez, une image pour vous aider à mieux comprendre :

Différentes combinaisons de ces 6 points forment les lettres de l’alphabet.
Ainsi la lettre “a” est représentée par le point 1 de la cellule, la lettre “b” par les points 1 et 2, ainsi de suite pour l’alphabet, mais aussi pour les chiffres, la ponctuation (dont les majuscules…). En savoir plus, c’est ici.

En savoir davantage sur Louis Braille, sa vie et ses recherches, c’est ici.

Et encore davantage d’apports sur l’écriture en braille, .

Vous êtes décidé(e) à vous lancer dans ce projet. Vous avez jusqu’aux vacances de Noël prochaines pour envoyer les oeuvres (transcrites, bien sûr) de vos binômes. Projet de premier trimestre, ou de deuxième période… A vous de voir !

Pêle-mêle des intérêts pédagogiques que j’y vois (je suis sûre que vous en trouverez d’autres !)
– Faire travailler les élèves en binôme.
– Commencer par des écrits courts.
– Affiner le concept de syllabes.
– Evoquer la nature, la beauté, la paix.
– Enrichir le lexique en lien avec les 5 sens
– Ecrire à partir d’une image, d’une musique, d’une sensation
– S’entraider pour traduire et s’échanger les rôles.
– Entraîner le geste d’attention.
– Entraîner la graphomotricité.
– “Muscler” la mémoire de travail.
– Participer à l’élaboration d’un recueil pour voyants ET non-voyants, écrire pour de “vrai” et pour être lu (avec les yeux, ou “du bout des doigts”)
– Croiser des disciplines : l’histoire, l’écrit, la lecture, le graphisme,  l’EMC (autour de la différence et du handicap, ou de la coopération et de l’entraide), les sciences (les 5 sens, dont bien sûr le toucher, capital pour les aveugles “braillistes”….

Vous n’êtes pas très au fait des haïkus ? Vous pouvez aller lire ceux que Patrick publie sur son blog, avec ses photos de randonnées ou des illustrations choisies. Vous pouvez également télécharger les dossiers ci-dessous

Le-haiku

Haikus

N’hésitez pas à partager les oeuvres de vos élèves avec les lecteurs du blog (par le biais de photos afin que l’on voit la transcription en braille, “à plat”) !

Tapis de lins bleus
S’ouvrent dès matin venu
Signes de printemps
Transcription de ce haïku à la machine, puis points repassés en noir pour la photo
par Christine Hardy