Cette semaine, comme promis, je vous invite à aller à la rencontre de quelques enseignants engagés dans la formation à l’éducation à l’attention par le biais du dispositif Atole. Elles nous racontent comment la découverte du fonctionnement du cerveau passionne les élèves et leur donne des clés pour réguler leur équilibre attentionnel.
Bonne lecture… attentive !

“Au début, je trouvais ça bizarre. Maintenant, je sais que quand on fait ça, c’est du sérieux !”

“C’est comme si tout s’arrêtait et que je devais penser qu’à ce qu’on me dit”.

“Quand je fais ce signe, mes neurones se mettent en marche, c’est comme si on me disait “Réveille-toi” !”

Les CE1 de Catherine, à St Joseph Barla, à Nice découvrent comment on fait pour être attentif depuis le début de l’année scolaire. Le signe “contact” est bien ancré maintenant, et l’attention s’installe plus vite et plus durablement. Écoutons Catherine nous le raconter :
“Au départ, le Kit Atole m’a paru bien “touffu”. Par où commencer ? Puis 1ère journée de formation, et mise en place de choses simples : préparation d’un cours sur le cerveau en “Questionner le monde”, le signe du contact, la poutre… Et j’ai vu que ça marchait ! Les enfants en redemandent. Le cours sur le cerveau les a passionnés et régulièrement ils veulent qu’on en reparle. Et me voilà également à m’introspecter sur ma propre capacité d’attention dans des situations de la vie courante, sur ma propre scolarité et sur les habiletés exécutives.

 

 

 

Les connaissances se construisent progressivement, me voilà plus à l’aise dans la lecture du kit… C’est rassurant ! Et moi aussi, comme les élèves,  j’en redemande ! Arrive le dernier jour de la formation niveau 1 ! Outre cette merveilleuse présence de Jean-Philippe Lachaux,  je prends conscience que finalement les choses se construisent progressivement et que même à des petits niveaux, les changements sont perceptibles. Ce ne sont pas des recettes miracles mais cela permet une communication plus rapide et efficace sans faire de longs discours. Je vous donne quelques exemples tout simples :
💡 Un élève est avachi sur sa chaise : “Quel message envoies-tu à ton cerveau ?”

💡  Un élève distrait : “Attention à tes neurones aimants…”
Réponse de l’élève :  “Ah non, je suis plus fort qu’eux !” et il s’est remis à la tâche.

💡 Quand je fais le signe “contact”, je me mets toujours à la même place dans la classe et les élèves se connectent plus facilement qu’avant.
Ndlr : Intéressant de vérifier si l’enseignante change de place ce que cela modifie dans l’installation des gestes attentionnels…
Les élèves ont pris conscience qu’ils sont maîtres de leur l’attention et que surtout elle se travaille. J’ai l’impression que certains ne considèrent plus les distracteurs de la même façon. Ils savent qu’ils existent mais qu’ils ont le choix d’y céder ou non. Dans ma pratique, certains changements se sont effectués dans l’installation de l’attention qui me semble plus efficace et  j’ai également acquis quelques pistes de relance qui paraissent faire leur preuve…. Je continue en niveau 2 !

Écoutons à présent ce que nous confie Valérie, prof des écoles à Nazareth, Nice, en classe de CM1 :

💡 De mon point de vue, ATOLE nous permet, dans un premier temps, de prendre conscience de notre état attentionnel : “Suis-je connectée avec ce que je fais ? ”

💡 Dans un deuxième temps, on peut analyser ce qui s’est passé dans notre cerveau : Pourquoi  me suis-je déconnectée ? Mon stylo est tombé et j’ai voulu le ramasser ou bien il y a eu du bruit dans la cour et je me suis demandé ce qui se passait ou bien tout simplement j’ai été distrait de l’intérieur par mes pensées qui m’ont finalement éloigné de mon activité.

💡 Dans un troisième temps, le fait de prendre conscience de cette déconnexion va me permettre de réajuster mon comportement afin de ne pas totalement décrocher de mon activité et d’avoir la possibilité d’y revenir.

Dans ma classe, je crois que tous les jours, nous faisons référence à ATOLE grâce aux petites allusions de la poutre (qui représente l’équilibre attentionnel), du mode marionnette ( qui montre que, parfois, nous faisons des choses par automatisme, ce qui est bien pratique, mais qui peut dans certains cas nous jouer des tours), des neurones aimants. Désormais, au lieu de dire “Concentre-toi”, je vais dire à un élève “Es-tu obligé de ramasser ton stylo maintenant ?” afin, qu’à terme, il puisse se poser la question lui-même. Cela permet de le ramener à son activité d’une manière plus subjective et moins agressive : ce n’est pas un reproche.
Une dernière anecdote : aujourd’hui un élève vient me demander de l’aide à mon bureau tout en bougeant sans cesse à côté de moi, j’étais incapable de lui expliquer quoique ce soit tant mon attention était attirée par ses mouvements ; je n’arrivais pas à me concentrer sur ce que je voulais dire. Nous ne sommes pas différents de nos élèves !!! Je lui ai expliqué cela en utilisant l’image des neurones aimants, et des distracteurs visuels.  Il a très vite compris et a arrêté. Cela m’a pris 10 secondes et j’ai pu lui dire sans m’énerver ou sans dire “Arrête” un peu durement, ce qui détend l’atmosphère et est moins fatiguant pour nous je trouve.

Vanessa s’exprime à son tour, je suis professeure de français et professeure principale en classe de 6ème au collège Fénelon à Grasse et ai suivi l’ensemble de la formation Atole, niveau 1, cette année. Ma classe à horaires aménagés accueille un bon nombre d’élèves à besoins particuliers. J’ai donc décidé de les sensibiliser à ATOLE en vie de classe. J’ai travaillé à partir de la vidéo de L’esprit sorcier sur le cerveau, en leur montrant le fonctionnement de ce dernier et son rôle dans leurs apprentissages. Nous avons ensuite travaillé autour des émotions et des sentiments pour apprendre à réguler tout ce petit monde.

Ndlr : Savez-vous que le cerveau détecte l’émotion avant même d’avoir repéré si la personne était un homme ou une femme ?
Et me voilà partie avec eux sur la définition de l’attention. Quand sommes-nous attentifs ? Comment faire face aux distractions externes et aux distractions internes ? Comment éviter que mon regard fasse l’abeille alors que ça n’est pas le moment ? Comment se recentrer sur soi en respirant avant une évaluation ou en utilisant le mode “appareil photo” ou “perroquet”  (images visuelles, petite voix ou pensées internes ?) Comment débuter un cours en étant en “contact” avec l’ensemble de la classe? De belles séances qui ont porté leurs fruits sur l’ensemble de l’année avec l’appui  de quelques outils numériques indispensables notamment Classroomscreen qui permet de borner le temps, d’indiquer le besoin d’une attention volontaire et maîtrisée avec le feu rouge, de réguler le bruit dans la classe… La cerise sur le gâteau fut de voir “en vrai” Jean-Philippe Lachaux ! Quelle chance d’échanger avec la personne qui a réfléchi à tout cela ! Merci Monsieur Lachaux !

L’année prochaine, j’aurai le plaisir de retrouver ces élèves, et de continuer avec eux cette belle éducation à l’attention…

 

“Si nous ne nous occupons pas de nos émotions, alors, elles s’occuperont de nous.” Thomas d’Ansembourg