La phobie scolaire toucherait environ 1 à 2% des élèves scolarisés. Cette angoisse massive rien qu’à l’idée d’aller à l’école est parfois considérée comme un caprice, ou mise sur le compte (sur le dos, pourrais-je écrire) de l’école, d’un prof, des parents… C’est parfois tout cela, la cause étant multifactorielle. Selon la définition du psychanalyste Julian de Ajuriaguerra, ce sont des «enfants qui pour des raisons irrationnelles refusent d’aller à l’école et résistent avec des réactions d’anxiété très vives ou de panique quand on essaie de les y forcer».

Un excellent article, dans le numéro de novembre, est consacré à la phobie scolaire. Vous pouvez acheter le numéro, ou uniquement télécharger l’article (25 minutes de lecture environ). Clic sur l’image.
A travers un cas pratique, celui d’Eric, Grégory Michel, Professeur de psychopathologie à l’université de Bordeaux et qui co-dirige l’équipe Inserm Healthy-Santé et réussite des jeunes, nous en explique les symptômes, et le lent travail qu’il a mené avec le jeune, mais aussi avec sa famille. Au-delà de la narration, il nous donne quelques clés de repérage, je le cite :

“Les troubles débutent souvent entre 11 et 13 ans, c’est-à-dire à l’entrée au collège, mais il existe deux autres pics de fréquence : vers l’âge de 5 ou 6 ans, à l’entrée au cours préparatoire, et vers 14 ou 15 ans, à l’entrée au lycée. Les symptômes cliniques de la phobie scolaire se manifestent au moment du départ pour l’école ou avant, quand il s’agit de penser à s’y rendre. Ils sont de quatre types : une détresse émotionnelle intense avec des manifestations somatiques, comme des nausées, des vomissements, des diarrhées, des maux de tête ; des réactions motrices importantes, par exemple de l’agitation et de la violence verbale ou physique envers les adultes qui tentent de forcer les enfants ; des peurs intenses accompagnées de pensées erronées, comme la crainte d’être humilié ou agressé, avec des phénomènes de dépersonnalisation, par exemple la peur de mourir ; et bien sûr des réactions d’évitement avec un retour prématuré au domicile ou des conduites d’errance associées à un sentiment de honte et de culpabilité.”

Ainsi que je l’écrivais en introduction, les causes peuvent être variées : une fragilité et une phobie sociale non décelées et qui se révèlent à l’école, lieu de socialisation quasi-obligée, un trouble des apprentissages accompagné d’une estime de soi dégradée, des moqueries ou humiliations, un attachement excessif avec l’un ou l’autre des parents, des perturbations familiales, des traits autistiques non identifiés…Les conséquences peuvent être dramatiques. Ainsi, dans le cadre de la lutte contre le décrochage scolaire (une manifestation possible de la phobie scolaire), l’INSERM, en partenariat avec l’Education Nationale et les services de santé, met en place un questionnaire en ligne, à destination des parents qui se sentent concernés par le sujet. En tant que professionnels de l’éducation, si vous avez des doutes concernant l’un de vos élèves, vous pouvez tout à fait les orienter vers ce questionnaire.
En complément de cet article, ne manquez pas d’écouter la très bonne émission de ce mercredi 14 novembre sur

“La tête au carré” accueille Grégory Michel (auteur de la publication dont je vous parle plus haut), Laetitia Benoit (Pédopsychiatre) et Sébastien Bolher (Journaliste scientifique et auteur). Cette émission complète tout à fait la lecture de l’article de Cerveau et Psycho en raison de la richesse des propos des différents invités et du questionnement pertinent de l’animateur. Je vous la conseille vivement. Clic sur l’image ci-dessous.

 

 

 

 

 

A lire, ce témoignage juste et bouleversant, récit à deux voix, d’une mère et sa fille…

 

 

 

 

 

 

 

 

Je vous propose pour finir ce billet, cette merveilleuse intervention de Jeanne Siaud Facchin. Elle y parle de son livre (Mais qu’est-ce qui l’empêche de réussir ?) chaudement recommandé par “Accueillir les Différences” et explique clairement, sans culpabiliser personne, mais en nous responsabilisant, combien la question exacerbée parfois, de la réussite scolaire de son enfant, ou de son élève peut contribuer à développer une angoisse de la performance, et une dégringolade de l’estime de soi. Elle explicite cette notion de “bienveillance” à laquelle je rajouterais bien volontiers celle de “bientraitance”…