Les avez-vous reçus les livrets d’évaluation pour les CP, les CE1 ? Les indications pour l’évaluation numérique des 6èmes et des Secondes ? Avez-vous lu, entendu les propos des uns et des autres, membres de l’Institution Ecole, médias, parents, chercheurs ? Les débats font rage autour de cette question… et notamment de la remontée des résultats ? Qui évalue-t-on ? Les profs ? les programmes ? les élèves ? Les établissements ? la formation initiale et continue ?
Evalue-t-on les apprentissages ou POUR les apprentissages ? Le rajout de la préposition “pour” me parait capital et déterminant dans la posture pédagogique que nous adopterons.

Le climat, l’esprit de coopération et d’entraide qui vont entourer la passation de ces tests sont certainement capitaux. Si les enjeux sont clairement explicités aux élèves, même aux petits de CP (et surtout aux petits de CP), mais aussi aux parents, l’anxiété ne devrait pas être plus grande que lorsqu’on annonce à nos élèves que :
“Mardi prochain, les enfants, c’est l’évaluation de lecture ! Révisez bien à la maison !”…
ou encore…
“DST (Devoir Sur Table, appellation étrange, reconnaissons-le !), toutes les semaines, 3 heures pour plancher sur telle ou telle matière, coefficient 3… Revoyez bien tout le chapitre !”

Je me permets une interprétation toute personnelle de ce charivari et de
cette contestation :
L’annonce des remontées à l’académie et de la “lecture” des résultats des élèves par un logiciel qui va “sortir” le profil de la classe et de l’élève puis émettre des préconisations de remédiations seraient le motif premier d’inquiétude, voire de sentiment d’être un exécutant, d’être incapable d’analyser des résultats et d’en dégager des pistes d’actions pédagogiques. L’autre lecture que je me risque à faire est la complexité de certains items évalués tant en français qu’en mathématiques, pour le CP. Est-il nécessaire de pointer ainsi ce que l’on ne sait pas faire ? Le corps et le coeur de l’élève vont “garder mémoire” de ces situations où il n’a pas su. Même si l’enseignant le rassure en lui disant “Ce n’est pas grave, ne t’inquiète pas, on va apprendre à faire tout ça”… N’a-t-on pas envie de se mettre à la place de l’élève qui rétorquerait : “Ben, si tu sais que je ne sais pas, pourquoi tu me demandes de le faire,
alors ?” 

Ce à quoi je répondrais qu’il est important de savoir qu’on ne sait pas pour être en projet d’apprendre et stimuler ainsi notre motivation intrinsèque… mais pas dans un contexte aussi formalisé, aussi extra-ordinaire (dans le sens propre du terme) et surtout autant médiatisé et débattu sur la “place publique”. Quelle pression !!
C’est là où je reviens à mon premier propos ; l’esprit, la posture qui nous “habiteront” lors de ces séances d’évaluation. Si ces tests sont regardés comme des outils de diagnostic POUR définir les compétences coeur de cible à construire avec nos élèves, alors, ça peut fonctionner et faire gagner du temps à tout le monde. Je crois d’ailleurs que c’est là où nous avons à montrer que nous sommes professionnels et que nous connaissons les fondements de l’apprentissage de la lecture. Nous savons que la majorité des élèves qui arrive en CP a une conscience phonémique “en chantier”, que le concept de quantité est très inégalement construit, que la reconnaissance des lettres, des chiffres n’est pas automatisée chez la majorité des élèves de GS… Nous serons renseignés sur la progression la plus pertinente à mettre en oeuvre (quitte à remanier celle que nous avions prévue) et nous pourrons mettre en oeuvre groupes de besoin et autres dispositifs de différenciation et de coopération.
Pour aller plus loin dans cette distinction Evaluer les apprentissages et/ou Evaluer POUR les apprentissages, vous trouverez des ressources tout à fait intéressantes sur le site de François Muller, des textes qui permettent de discuter en équipe, des vidéos, des outils, des dessins, façon sketchnotes…

Le ministère, pardonnez-moi la familiarité qui va suivre, a “mis le paquet” pour expliquer, convaincre, outiller les enseignants, particulièrement pour le niveau CP.
Voyez plutôt, une vidéo où des membres du Conseil Scientifique pour l’Education, ainsi que Michel Fayol expliquent les fondements et les méthodes utilisés, retrouvez également ici tout le déroulement, et les dates des mises en ligne des activités proposées pour renforcer les compétences. Ce ne sont que des suggestions. Pas des dictats ! Et ici, pour la classe de CE1.

➡ explicationevaldebutCP

Vous retrouverez la même infographie pour présenter les évaluations en 6ème, dont la passation sera entièrement numérique, à partir d’une plateforme en ligne, entre le 1er et 19 octobre 2018.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et ici, pour ce qui est appelé “Tests de positionnement de début de seconde”. On y retrouve des exemples d’exercices proposés, là encore tout est numérique, et la passation est aux mêmes dates que le cycle 2, à savoir à partir du 17 septembre prochain, jusqu’au vendredi 28 septembre.

Pour aller plus loin encore, je vous invite à  lire, sur le Café Pédagogique,  les propos d’une québecoise, prof en université, Stéphanie Demers… Elle y exprime son désaccord sur “le pilotage des pratiques éducatives par des évaluations nationales” et redit ce qu’est pour elle, la finalité de l’éducation. Tout à fait intéressant… et matière à débat ! C’est là.

 

 Chefs d’établissement, acteurs du Lycée, ne ratez pas cette conférence de comparaison internationale sur le thème de l’éducation à l’orientation, organisée par le CNESCO, les 08 et 09 novembre 2018 prochain. C’est … Si vous êtes intéressés, ne manquez pas l’ouverture des inscriptions, elles sont très vite closes !

 

 

Et pour faire résonner mes propos introductifs sur les évaluations nationales, quoi de mieux que de prendre 1 heure pour écouter Charles Gardou, dans cette conférence,
“FONDEMENTS ET ENJEUX D’UNE SOCIÉTÉ INCLUSIVE, UNE TOILE DE FOND POUR PENSER UNE ÉCOLE POUR TOUS “
J’aime tout particulièrement sa définition de l’équité, à garder en tête en ce début d’année où l’on pourrait avoir tendance à “mettre tout le monde” à égalité, en confondant Egalité et Equité. Je vous la livre, prise à la volée de sa conférence…

Bonne semaine !!

 

Exercer l’équité, c’est agir de manière modulée selon les besoins et désirs singuliers pour pallier les inégalités de nature et de situations. Charles Gardou (extrait)