C’était Lundi, jour de rentrée. Fabrice Hermil, chef d’établissement à La Providence, Nice accueillait les professeurs reposés et détendus pour une belle journée de sensibilisation à la neuroéducation. Christian Philibert allait nous offrir de belles plages (non, non, pas celles de la Prom’) d’apprentissage, de réflexion et d’échanges…

“Le lycée La Providence de Nice possède un savoir-faire solide dans l’accompagnement des élèves. La traduction pédagogique de cette compétence éducative se manifeste par le souci de rejoindre chaque élève dans ses apprentissages et ses progrès, mais aussi de lui donner les moyens de dépasser ses difficultés scolaires antérieures. Après l’évaluation positive et l’Évaluation Par Contrat de Confiance comme porte d’entrée à notre réflexion l’an dernier, l’étude des différents plans d’aide pour les élèves à besoins éducatifs particuliers, cette nouvelle journée vise à nous faire découvrir les neurosciences comme apports complémentaires aux apprentissages scolaires. Cette formation, qui se déclinera sur deux journées, a pour objectif d’aller d’une part vers davantage de diversification et de différenciation pédagogique et d’autre part d’initier les élèves eux-mêmes aux règles de base du fonctionnement naturel du cerveau. Car l’outil de travail en classe, c’est bien lui, rappelons-le !”

C’est par ces quelques mots que s’ouvre la journée. Pour Fabrice Hermil, comme pour Stéphanie (enseignante ressource), il est fondamental d’inscrire ces temps de réflexion pédagogique dans la durée. En effet, au même titre qu’il nous faut donner du temps à nos élèves pour s’approprier de nouveaux concepts, pour construire des compétences solides, les enseignants ont, eux aussi, besoin de temps et d’apports “reliés”.
Christian Philibert  le redira également en introduction : “Tout est lié notre métier nécessite de faire des liens. Il ne s’agit pas d’avoir une méthode miracle pour faire réussir tous les élèves mais de comprendre ce que peuvent nous apporter les neurosciences pour les apprentissages. Howard Gardner sera le premier à faire les liens entre les neurosciences et les apprentissages. C’est de plus en plus vrai aujourd’hui, des chercheurs coopèrent avec les enseignants pour éclairer le travail de chacun des partenaires. Nous travaillons en permanence avec le cerveau des élèves…  Savoir “comment ça marche” et permettre aux élèves de le découvrir également parait aujourd’hui comme une évidence. Méfions-nous néanmoins des “trucs et des recettes plaqués”, il reste encore beaucoup à découvrir et à comprendre… Alors, de quoi parle-t-on quand on parle de neurosciences ? 

La première partie de la journée sera consacrée à quelques éléments incontournables à connaître, des “neuromythes” à “casser”, en passant par la plasticité neuronale, et en s’arrêtant plus longuement aux intelligences multiples, théorie d’Howard Gardner. Christian précisera bien que cette théorie n’est pas “scientifique”, et que c’est une petite partie de la neuroéducation. Néanmoins, faire découvrir aux élèves comment ils sont intelligents, quelles sont leurs dominantes, et leur montrer que nous avons toutes et tous ces 8 compétences (qui s’expriment de manière variée, à l’intérieur de chaque “domaine”) est une des clés pour les motiver, les rassurer et conforter leur estime de soi. C’est une belle piste également pour mettre en oeuvre la différenciation pédagogique.

 ➡ Test IM adapté par Christian Philibert

Ainsi, s’intéresser au fonctionnement du cerveau et prendre en compte les travaux en cours pour enseigner, ou pour apprendre pourrait se résumer ainsi :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Christian, au détour d’exemples multiples, met l’accent sur les conceptions erronées que nous “gardons” en nous, ces représentations que l’on ne parvient pas à décoller, qui perdurent et qui parfois nous empêchent d’accéder à la “bonne” information, à la “bonne théorie”, voire même qui peuvent nous empêcher d’apprendre. C’est cela aussi prendre en compte les recherches récentes, comprendre ce qui se passe quand on apprend, quand on reçoit une donnée et que l’on doit la traiter. Pour mieux encore vous retranscrire les propos de Christian, je vous laisse regarder la vidéo de Steve Mason, absolument éclairante et en totale harmonie avec ce qui nous a été expliqué : “Les représentations que l’on construit quand on est enfant résistent aux apprentissages.” Un beau défi à relever pour nous, enseignants !!
Qui a dit qu’enseigner était facile ?

3’38”

Christian nous montrera aussi par le biais d’une vidéo tout à fait éclairante comment le cerveau se transforme tout au long de notre vie, et le plus souvent, à notre insu.

Ainsi, tout au long de cette journée, nous nous dirigeons tranquillement vers nos pratiques de classe, celles qui prennent en compte toutes ces données.

 

L’attention est maximale, l’intérêt est visible, audible. Comment rendre l’élève responsable de ses apprentissages ? Nous, nous enseignons, et “eux”, ils apprennent. Comment les accompagner au mieux ?

 

 

 

Il n’y a pas de recettes miracles, mais des supports, des démarches, des propositions de situations d’apprentissage plus efficaces que d’autres. Comment passer de “l’école de la bonne réponse à l’école de la compréhension ?”
💡 Re-convoquons les postures de l’enseignant :
Posture d’autorité : métaphore géographique : au dessus, devant, derrière – ils m’écoutent, je les conseille.
Posture d’accompagnement : métaphore géographique : je suis à côté d’eux. Je les écoute.
Posture d’animation/orchestration : métaphore géographique :  travail coopératif, en ilots. Je suis “par-dessus leur épaule”. Ces trois postures vont alterner. Les trois sont nécessaires…
💡 Penchons-nous aussi sur ce que nous savons des besoins de notre cerveau (en dehors des besoins physiologiques, tels que le sommeil, l’alimentation, la variété des activités, la dépense physique…)
Notre potentiel d’apprentissage est illimité, plus j’organise l’information, plus elle est mémorisée, plus je laisse de place à l’erreur, mieux j’apprends, plus je comprends que le cerveau a besoin d’images, de couleurs, de mouvements, mieux je peux penser des situations qui vont permettre une meilleure appropriation, compréhension mais aussi susciter le plaisir et l’envie chez nos élèves (Plus on réussit quelque chose, plus on se fait plaisir, le cerveau déclenche la dopamine, il est “boosté”, la neuroéducation, c’est aussi la prise en compte des émotions, ainsi, les neurosciences affectives et sociales, science récente s’occupe de tout ce qui est émotion, sentiment et capacité émotionnelle.)

De nombreux exemples vont illustrer les propos de Christian, cela va de la mind map (ou carte mentale ou encore carte d’organisation d’idées), en passant par le croquis-note (mélange d’écrit et de dessin) ou encore du “mur de la mémoire” (c’est moi qui l’ai nommé ainsi : un grand rouleau de papier kraft ou blanc, solide et pas trop fin, positionné sur les murs où chaque connaissance est inscrite, représentée, dessinée, et que, tous les jours, les élèves peuvent regarder, améliorer, enrichir), mais aussi la théâtralisation, la mise en scène, le mime, l’interview (où comment mieux comprendre Charles ou Emma Bovary en envoyant un “pseudo” journaliste à leur rencontre : 1 élève “joue” Emma ou Charles, un autre est le journaliste), et aussi, la mise en scène qui utilise le numérique (tablettes ou téléphones peuvent être réquisitionnés). On va “jouer” des concepts compliqués pour mieux y entrer. Ce qui n’empêche pas, vous l’aurez compris, les temps de structuration et de mise en mots, ni bien sûr, l’entraînement plus “classique”, pas trop éloigné des attendus (de l’examen, par exemple).

 

 Les élèves ne parviennent pas à lire une recette, à s’y repérer (ils n’ont pas mémorisé les étapes, les ingrédients). Leur enseignante leur a fabriqué cette carte mentale, illustrée.

 

 

 

La fin de la journée est proche, Christian distribue quelques documents repères et recommande quelques ouvrages :


 

 

52′

 

Une journée dense et studieuse. Des professeurs concernés. Un beau travail de recherche-action est certainement déjà en route … Quelques professeurs sont déjà partis avec deux classes pour un séjour “révisions du bac/activités physiques et sportives”… Ils m’ont promis un article pour le blog… belle illustration de “l’apprendre autrement”… Une deuxième journée est prévue en novembre prochain avec Christian, centrée plus précisément sur la mémorisation et l’attention. Je fais le pari que l’équipe n’attendra pas cette date pour continuer de réfléchir à la formation des élèves au fonctionnement de leur cerveau, l’organe qui passe sa vie à apprendre, à faire des choix, des prédictions,  des erreurs, sans même que l’on s’en rende compte parfois…Bravo à toutes et tous !

Un petit bonus  pour vous féliciter d’être allé(e) au bout de l’article. Regardez cette vidéo, avec le son, sans le son, ou encore en en choisissant une autre quasi identique mais avec une autre bande son… plus calme, plus apaisante….Vous verrez que votre cerveau ne vous enverra pas les mêmes infos, pas les mêmes émotions…et que votre coeur ne battra pas de la même façon… !

💡 Et pour approfondir encore, rendez-vous ici.

💡 Sur le blog, cette semaine, des nouveautés pour mieux accompagner les élèves avec troubles d’apprentissage, c’est .