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“Apprendre à voir un autre être humain non pas comme une chose mais comme une personne ne va pas de soi : cela s’apprend et se construit.” (Philippe Meirieu, p.29)

Quelle belle rencontre que celle de Philippe Meirieu.
Bonheur de lire ses écrits toujours aussi “justes” et sans langue de bois.
Bonheur de l’écouter en conférence ce week end dernier au Festival du livre de Mouans-Sartoux et ce malgré un “interviewer très moyen”… 🙁 .
Philippe Meirieu nous offre encore une fois un magnifique ouvrage. Il a bien compris que, de retours dans nos classes, il nous fallait faire face aux mille questions, ou au lourd silence de nos élèves. Que la minute de recueillement, les panneaux “Je suis….”, les temps d’échange, les images vues à la télévision ou sur le net ne suffisaient pas à nous accompagner et nous laissaient bien souvent démunis.
Je me souviens de Maxime, après les attentats du 13 novembre… Il répétait en boucle ce qu’il avait vu ou entendu, il s’agitait, sa voix montait dans les aigus. Il redisait combien “ils étaient méchants ceux qui avaient fait ça”… Sabrina, elle, pleurait doucement… Elle était allée à la marche silencieuse avec sa maman et sa soeur. Elle avait peur que sa soeur ne puisse plus aller dans son collège… parce que “les gens, y vont plus aimer les arabes”. Mes élèves, si fragiles face à la compréhension, la connaissance, je les ai écoutés. L’empathie étant plus que jamais nécessaire, là. Nécessaire, fondamentale, pour ne pas basculer dans la malfaisance et accéder à une rencontre authentique avec l’autre. Mais encore faut-il, selon l’expression proposée par André de Peretti, entrer dans le référentiel de l’autre sans s’y perdre… Sans s’y perdre, c’est-à-dire en disposant des moyens de prendre du recul, de se dégager de l’identification, de construire un échange grâce à la maîtrise du langage, et en apprenant au quotidien “ce que parler veut dire”. (Meirieu, p.31 – Ch. “Pour que l’empathie fasse société, in Eduquer après les attentats”).
En vingt chapitres que l’on peut lire séparément, Philippe Meirieu s’efforce de répondre à ses questions vives que nous nous posons : C
omment permettre aux enfants et adolescents de distinguer le savoir et le croire ? Faut-il leur parler du mal et comment ? Peut-on les former à la solidarité ? Quel idéal offrir à ceux et celles qui voient dans l’intégrisme religieux la seule manière de se donner une identité ? Il s’empare de ces problèmes concrètement et montre qu’ils nous imposent de repenser nos attitudes éducatives, mais également les modes de fonctionnement de notre institution scolaire. C’est la condition, explique-t-il, pour «faire entendre raison à ceux et celles qui ne sont pas dans la raison».

Je vous recommande vraiment cet ouvrage qui se révèle être un formidable outil pédagogique tant il entremêle avec intelligence et sensibilité les notions d’Etre et de Savoir. Philippe Meirieu y réaffirme ses convictions d’homme fraternel, ses valeurs “pédagogiques” … Les petits “encadrés” gris que l’on retrouve en marge droite ou gauche sont à lire comme de belles citations certes, mais aussi commdiapositive1e les lueurs d’un phare qui nous guident dans cette lecture et dans nos gestes professionnels.

 

 

 

 

 

 

 

Convaincre sans vaincre” n’a rien de spontané : cela s’apprend et se construit dans l’éducation” (Ph.Meirieu, p 51)

Et sur le thème “La crise de l’école”, écoutez Philippe Meirieu  débattre avec Robert Redeker, professeur de philosophie, lors de l’émission Répliques présentée et animée par Monsieur Finkielkraut sur France Culture, samedi 08 octobre dernier.
Face à deux intellectuels brillants, élitistes et nostalgiques du magistro-centrisme, Philippe Meirieu a magnifiquement rappelé l’importance de prendre le temps d’apprendre à penser à l’école, l’indispensable saveur des savoirs, la prise en compte des différences … la suite ici !